Défis & Enjeux de I’identification des abonnés mobile en Afrique

Depuis la fin des années 2000, les pays Africains ont initié un processus d’identification des abonnés mobile. La dynamique générale a été accélérée ces derniers mois, face à la pression réglementaire. Des campagnes massives d’identification dans la majorité des pays ont permis de rapprocher un grand nombre de cartes SIM et leur propriétaire. Toutefois, les bases de données des opérateurs mobiles ne sont pas encore fiables et présentent encore des manques et anomalies, alors que les dates butoirs légales se rapprochent.
Les solutions proposées par les opérateurs télécom sont-elles suffisantes pour répondre aux impératifs réglementaires et sécuritaires ? Existe-t-il des solutions technologiques efficaces, flexibles et au déploiement rapide pour une identification stricte et rapide des abonnés ? GDExpert vous propose son avis d’expert, à travers l’exemple du Cameroun.

Le cadre légal : des mesures conformes aux meilleures pratiques internationales

Au Cameroun, de nouvelles dispositions législatives et réglementaires* imposent à tous les opérateurs et exploitants des réseaux de communications électroniques ouverts au public, ainsi que les fournisseurs de services de :

  • Identifier physiquement et électroniquement tous les abonnés à leur réseau de communication ;
  • Conserver sous forme électronique ou numérique toutes informations relatives à l’identification de leurs abonnés ;
  • Tenir à jour une base de données d’identification de leurs abonnés, fiable et sécurisée.
  • Tout abonné au réseau téléphonique a l’obligation de se faire identifier au moment de la souscription d’un abonnement. Ils sont de ce fait tenus de fournir aux opérateurs une photocopie de leurs pièces d’identité : CNI, passeport, carte de séjour, etc.

Afin d’accélérer ce processus, les actions suivantes sont prescrites :

  • A partir du 10 juin 2016, tous les opérateurs de téléphonie devront procéder à la suspension systématique des abonnés sans nom ou sans numéro de pièce d’identité mais actifs dans leurs réseaux téléphoniques respectifs.
  • Les opérateurs de téléphonie devront identifier tous leurs abonnés à l’aide d’un système d’identification harmonisé, disposant d’un module de détection automatique du code MRZ de la pièce d’identité présentée par l’abonné (CNI, Passeport, Carte de séjour etc..).
  • Les opérateurs de téléphonie devront déployer sur toute l’étendue du territoire national des points et équipes appropriés pour accueillir les abonnés, en vue de leur identification, conformément aux dispositions arrêtées d’accord parties.
  • L’ART (Agence de Régulation des Télécommunications au Cameroun) devra d’ici novembre effectuer un contrôle dans les bases de données de tous les opérateurs de téléphonie mobile.

* voir la loi n°2010/013 du 21 Décembre 2010 régissant la communication électronique au Cameroun, modifiée par la loi n°2015/006 du 20 Avril 2015 et le décret n°2015/3759 du 03 Septembre 2015 portant sur  les modalités d’identification des abonnés et équipement terminaux des réseaux mobile

Une application compliquée, mais qui doit rester une priorité

Il existe 2 types de contrat entre l’opérateur et l’abonné : l’abonnement ou la carte prépayée. Dans les 2 cas, le contrat spécifie le nom de l’abonné, ses coordonnées, le numéro de mobile, le numéro de la carte SIM… L’identité de l’abonné est alors requise, mais dans la réalité, et en particulier pour les abonnements prépayés, les pièces d’identité sont rarement demandées.

Autre difficulté : si les pièces d’identité sont fournies, les copies sont souvent de mauvaise qualité, ce qui complique l’identification réelle. De plus, les conditions d’archivage peuvent rendre difficile le rapprochement entre le contrat et la copie de la pièce d’identité. Des dizaines de millions de contrats sont ainsi détenus dans les centres d’archivage des opérateurs de télécommunications. Mais qu’il s’agisse des plans de classement ou de la place disponible, la recherche d’un contrat peut être très laborieuse et chronophage. La numérisation de ceux-ci a déjà été initiée par certains opérateurs dans certains pays, mais l’opération est encore sporadique.

Même si l’application des mesures ne correspond pas aux attentes initiales, l’enjeu de sécurité reste le plus important et ravive la nécessité de cette maîtrise de l’identification des abonnés. Prenons seulement 4 exemples qui en témoignent :

  • En cas d’infractions commises à l’aide de téléphones mobile, les opérateurs se doivent de fournir l’identité des détenteurs d’abonnement lors des réquisitions de la Police Judiciaire (identification des délinquants de tout ordre)
  • Des problèmes de cyber-sécurité surviennent encore plus facilement avec les possibilités liées au mobile. Il est alors indispensable de connaître les acteurs derrière chaque mobile pour mener à bien les enquêtes.
  • Il doit être possible d’identifier l’appelant lors d’appels aux services d’urgence.
  • Le nombre de puces par habitant n’est pas respecté et peut induire des abus multiples : usurpation d’identité, délit mineur ou majeur sous un autre nom…

Comment s’y prennent les opérateurs Camerounais ?

Les stratégies mises en place au Cameroun sont variées et concernent d’abord les abonnés existants. Elles consistent essentiellement à mener des campagnes de proximité comme :

  • L’ouverture de points de relais fixes dotés de système d’identification
  • Le déplacement de caravanes mobiles
  • La communication de masse à travers les SMS
  • La mise en place de bonus de communication entre 500F et 50 000F (©Cameroon Tribune, 23 Juin 2016)

Pour les nouveaux abonnés, la vente de puces prépayées étant désormais interdite aux vendeurs ambulants, les futurs détenteurs devront se présenter en agence ou auprès de tout revendeur agréé, afin de remplir le contrat et fournir une copie d’une pièce d’identité pour activer leur abonnement.

Les défis sur la route de la généralisation de l’identification

La réticence des Abonnés

Suite à de multiples campagnes d’identification lancées ces dernières années par les opérateurs téléphonique, plusieurs utilisateurs ne jugent pas nécessaire une nouvelle identification, estiment l’avoir déjà fait plusieurs fois lors des précédentes campagnes. Les opérateurs doivent donc travailler en vue de convaincre leurs abonnés de la nécessité absolue d’une nouvelle identification et les rassurer sur le fait qu’elle sera la dernière et la meilleure.

La multiplicité des puces par abonné

La multiplicité des puces de communication par abonné rend le processus d’identification fastidieux. La nouvelle réglementation fixe le nombre de puces pouvant être détenu par un abonné à trois, et ce par opérateur, soit 12 puces au total par abonné étant donné la présence de quatre opérateurs mobiles au Cameroun : MTN, Orange, CamTel et Nexttel. Cela reste encore un nombre conséquent…

Le manque de solution adaptée pour la maîtrise et la fiabilité des données

  • Difficultés d’extraction de données sur les photocopie des pièces fournies
  • Mauvaise qualité de capture d’images, les rendant parfois inexploitables
  • Renseignement et extraction manuelle des données lors de l’identification chronophage et pas suffisamment fiable
  • Archivage difficile
  • Risque d’erreur élevé
  • Mouvements et manipulations des captures difficiles, dûs à la taille et au poids élevé des images numérisées sans préconisations préalables d’un prestataire expérimenté

L’approche technologique recommandée aux opérateurs

Il y a 3 grandes missions à travers l’identification des abonnés : la prise en compte des nouveaux clients, la poursuite de l’identification des clients existants et la conservation et l’archivage des contrats. Les campagnes actuelles menées par les opérateurs ont permis d’améliorer considérablement les taux d’identification des abonnés, bien qu’il soit difficile de fournir des taux fiables. C’est bien dans la lecture et l’exploitation des données que les efforts doivent être désormais menés. L’objectif principal étant la fiabilité des données.

Les opérateurs doivent ainsi s’orienter vers des outils performants de lecture automatique des documents (contrats et pièces d’identité), tout en s’inscrivant dans un contexte de mobilité. Les solutions doivent en effet être compatibles, voire dédiées aux smartphones et tablettes afin de faciliter le processus d’abonnements depuis les agences et les revendeurs agréés, et d’envoyer les données pour contrôle par le serveur central via les réseaux mobiles (bonne couverture 3G/4G, voire 5G, indispensable).

Cette lecture automatique mobile doit permettre l’extraction et la conformité des informations, tout en assurant une compression des images efficace pour faciliter leur envoi sur un serveur central, en vue d’un archivage numérique. Il est également important que ces images, issues parfois de photocopies de mauvaise qualité, soient traitées lors de leur capture afin d’assurer une extraction optimisée.

Il est fortement préconisé aux opérateurs de généraliser la dématérialisation des contrats à la source, afin d’obtenir une base d’archivage homogène et cohérente et d’éviter de mener ensuite des actions de dématérialisation chronophages, compliquées et coûteuses. Ceci ayant pour bénéfice plus global une meilleure maîtrise de l’information.


GDEXPERT propose des solutions mobiles performantes et adaptées à la fiabilisation de l’identification stricte des abonnés mobile. Notre équipe est disponible pour discuter de vos problématiques, enjeux et projets.