« De l’archive à la donnée utile » – Entretien avec Alioune Nasser Touré, CEO et fondateur de SC-GED

Au Burkina Faso, la gestion documentaire n’est plus un sujet annexe. Dans un contexte de croissance démographique, de pression réglementaire et d’exigence de service public, capter la donnée au bon moment, la gouverner, l’exploiter et l’archiver dans la durée devient un avantage concurrentiel — et un impératif de souveraineté. Consultant et entrepreneur, Alioune Nasser Touré accompagne les grandes organisations publiques et les acteurs privés pour transformer leurs documents en décisions, et leurs archives en actifs.

Alioune, quel a été votre chemin vers le conseil en gestion documentaire ?
Alioune Nasser Touré. Juriste de formation, j’ai d’abord étudié en France (à Poitiers, puis Paris), avant de revenir au Burkina avec une conviction : nos organisations ne manquent pas de documents, elles manquent de maîtrise de leurs flux d’information. J’ai donc créé SC-GED pour répondre à ce besoin, en construisant une offre de conseil ancrée dans nos réalités : diagnostics sur site, trajectoires de gouvernance documentaire, conduite du changement et montée en compétences des équipes.

De quoi vos clients ont-ils le plus besoin aujourd’hui ?
Alioune Nasser Touré. Trois chantiers dominent. D’abord la capture : faire entrer les documents — papier, e-mails, fichiers bureautiques, formulaires — dans un circuit maîtrisé avec indexation fiable et règles de nommage. Ensuite la gouvernance : référentiels, cycles de vie, responsabilités claires, conformité avec les Archives nationales et la protection des données. Enfin l’exploitation : tableaux de bord, recherche transverse, extraction d’indicateurs pour piloter la relation usager, les contrats, le patrimoine, le parc technique. Le stockage/archivage donne la colonne vertébrale : préserver l’intégrité, tracer les accès, tenir les durées de conservation et organiser le versement final.

Comment transformez-vous ces besoins en résultats concrets ?
Alioune Nasser Touré. Nous commençons par cartographier. Où sont les documents ? Qui les produit ? Quels sont les risques ? Puis nous déroulons une trajectoire pragmatique : assainir le « vrac », formaliser les règles, installer des rituels de qualité (contrôles, audits légers), former les équipes et brancher progressivement les briques techniques utiles. L’objectif n’est pas de “tout numériser”, mais de sécuriser ce qui compte et de rendre l’information exploitable là où la valeur est immédiate : service à l’usager, facturation, RH, marchés publics, patrimoine, santé, eau-énergie.

Pourquoi avoir fait le choix d’un écosystème d’interlocuteurs plutôt qu’un acteur unique ?
Alioune Nasser Touré. Parce que les besoins sont pluriels. Une chambre consulaire n’a pas la même temporalité qu’un opérateur d’eau ; un ministère ne gère pas les mêmes contraintes qu’une banque. Il faut des interlocuteurs capables d’orchestrer : le conseil pour définir la cible, l’intégration pour industrialiser, et des partenaires technologiques solides. C’est là que l’association avec GDExpert prend tout son sens : nos clients trouvent un point d’entrée qui sait dialoguer avec les DSI, les métiers et les Archives, et qui assemble les compétences utiles sans les enfermer dans un schéma figé.

On vous sait très investi dans le sport. Quel lien avec votre action d’entrepreneur ?
Alioune Nasser Touré. Le sport est une école de cadre et d’élan. Avec mon père, Salifou Touré, qui était professeur d’EPS, nous avons co-fondé une association qui collecte du matériel sportif et éducatif en France et l’achemine vers le Burkina. Concrètement, cela veut dire identifier les dons (ballons, maillots, filets, chaussures, chronos, sifflets, livres, petits matériels d’EPS), organiser la logistique (tri, conditionnement, palettes, transport jusqu’à Ouagadougou) puis distribuer aux établissements sur la base de besoins déclarés par les lycées et collèges.

Qu’est-ce que cette collecte change pour les établissements ?
Alioune Nasser Touré. D’abord, des équipements pour tous : un lycée qui n’avait que quelques ballons peut animer des cycles complets de volley, de foot ou d’athlé. Ensuite, des projets fédérateurs : tournois inter-établissements, journées d’EPS thématiques, clubs périscolaires. Enfin, du sens pour les jeunes : le sport structure le temps, renforce l’esprit d’équipe, canalise l’énergie, recadre sans stigmatiser. On voit des élèves reprendre confiance, des enseignants dynamiser leurs cours, des quartiers s’approprier des espaces de jeu.

Vous portez aussi un projet de complexe urbain. Quel objectif ?
Alioune Nasser Touré. Créer un lieu accessible, mixte et sûr qui combine terrains, espaces de mobilité et zones d’animation. L’idée est simple : rapprocher l’offre sportive des familles et proposer des activités encadrées. C’est un investissement social : chaque heure passée à faire du sport, c’est une heure gagnée contre l’oisiveté, les décrochages et les tensions. Et c’est un investissement économique : l’écosystème local — éducateurs, associations, petits commerces — en bénéficie.

Comment est née la relation avec GDExpert ?
Alioune Nasser Touré. Par une conversation franche et très opérationnelle avec Alain Gouzlan. Nous parlions le même langage et nous avons découvert des passions communes. Nous avons rapidement travaillé ensemble sur des dossiers mêlant cartographie documentaire, gouvernance et mise en œuvre outillée. L’apport de GDExpert, c’est la capacité à connecter le conseil à des solutions éprouvées et à garantir la tenue dans le temps (support, évolutivité, transferts de compétences).

Quels sont vos sujets “chauds” du moment ?
Alioune Nasser Touré. Plusieurs programmes de diagnostic-action auprès d’opérateurs publics et para-publics, avec un focus sur la capture multicanale (papier, e-mail, mobiles), la mise à niveau des pratiques de gouvernance, et la création de tableaux de bord documentaires pour suivre volumes, délais de traitement et qualité de métadonnées. Ensuite, la participation à certains événements majeurs, comme la Semaine Nationale du Numérique (18-21 novembre) à Ouagadougou pour partager retours d’expérience et bonnes pratiques. Et, côté associatif, l’extension de la chaîne logistique de collecte pour desservir davantage de lycées et collèges en région.

Quel conseil donner aux dirigeants qui veulent accélérer leur transformation sans se tromper de combat ?
Alioune Nasser Touré. Choisissez d’abord vos bons interlocuteurs. Exigez une cartographie de vos flux, un référentiel de gouvernance clair, et des indicateurs simples qui parlent au comité de direction. Avancez par paliers utiles : sécuriser la capture, fiabiliser les métadonnées, instaurer les règles de conservation, puis industrialiser. Le bon partenaire — cabinet de conseil, intégrateur, écosystème comme GDExpert — n’est pas celui qui promet de tout faire d’un coup, c’est celui qui vous transfère la maîtrise et ancre la valeur dans vos métiers.

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